Simon Daron, Luthier à Virginal

Un luthier à Virginal ?

Simon Daron et sa compagne se sont installés à Virginal il y a de cela sept ans. Ils sont arrivés dans la commune un peu par hasard. Ils cherchaient une maison qui correspondait à leur budget, avec un lieu où Simon pourrait installer son atelier de lutherie. Ils ne connaissaient personne dans les alentours, mais ils ont rapidement rencontré des gens quand leurs enfants sont rentrés à l’école. Aujourd’hui, grâce à sa profession, il connait et fréquente également des musiciens de la région. Simon a construit de ses mains son petit atelier, une ‘cabane de bois et de sons’, visible depuis le sentier Bruyère Cacou.

Une quête sonore et esthétique

En lutherie, il y plusieurs écoles et plusieurs spécialités. La voie principale qu’a choisie Simon, c’est celle des instruments à cordes pincées (guitare, banjo, mandoline, etc.). Il préfère cette dernière à celle des cordes frottées (violon, violoncelle, contrebasse, etc.), où les codes sont historiquement plus stricts, ce qui peut restreindre la liberté de création. Une liberté de formes, de matériaux et d’esthétiques qui lui correspond bien et qu’il explore à travers ses diverses réalisations. Ainsi, dans son atelier, on peut trouver des guitares jazz, des guitares classiques, mais aussi des banjos et même un modèle de guitare de voyage.

S’il affectionne particulièrement les instruments à cordes pincées, surtout ceux dont il joue, comme les guitares jazz, il aime travailler sur tous les types d’instruments. Y compris d’autres instruments qui sortent du domaine de la lutherie. L’important, c’est que ça fasse de la musique! Et s’il ne connaît pas, il prend plaisir à se renseigner et à apprendre. 

Son métier se divise, grosso modo, en trois grands types d’interventions : 

Fabrication :  imaginer, concevoir et réaliser, de A à Z, un instrument de musique. Soit selon un cahier des charges personnel, pour perfectionner ses techniques et son style, se faire plaisir et constituer un stock d’instruments à montrer. Soit pour répondre à la demande d’un client.

Entretien et réglages : un instrument, ça se règle et ça s’entretient régulièrement. Pour reprendre les paroles de notre luthier, l’idée, c’est de ‘’ mettre 1 h d’amour dans un instrument ’’ pour qu’il sonne mieux et soit plus agréable à jouer.

Restauration :  parfois, un instrument a pu subir des dommages suite à un accident, à des mauvaises conditions de stockage ou tout simplement quand il n’a pas été joué pendant des années. Il faut alors le restaurer. Quand il s’agit d’instruments anciens ou peu connus, il est nécessaire de faire, parfois, au préalable un travail de recherche et de documentation.

En dehors de ces interventions habituelles que réalisent la plupart des luthiers, Simon donne aussi des cours de lutherie, quelques cours de guitare et il trouve même le temps de s’impliquer dans la communauté villageoise en participant activement au projet de restauration du médiaphone de l’église d’Haut Ittre.

De musicien à luthier et bien plus encore

Avant de devenir luthier, il était musicien. Il aimait déjà bidouiller ses instruments.  Il faut dire, que c’est un ‘’touche à tout’’ ! Il a fait de la radio, des études artistiques, du développement web, il a travaillé la céramique et encore d’autres choses. Il a toujours eu une sensibilité pour le travail manuel et c’est un amoureux du geste. Avant, il avait une vie éclatée entre tous ces centres d’intérêt. La lutherie a, en quelque sorte, permis de tout rassembler.

Fabriquer un instrument ?

Fabriquer un instrument, c’est un travail de recherche sur le son mais aussi sur l’esthétique. Il y a différentes façons d’aborder la conception d’une guitare, d’une mandoline, d’un banjo, ou autre. Parfois, il reprend et bien souvent modifie des plans de construction déjà existants : des modèles ‘standards’ utilisés par la plupart de luthiers. D’autre fois, il créé et dessine ses propres plans. C’est un processus qui prend beaucoup de temps, car cela demande de la réflexion pour imaginer et visualiser l’instrument à fabriquer, d’autant que notre luthier est assez perfectionniste.  

Ensuite, il commence souvent par réaliser la marqueterie et les décorations qui viendront embellir la rosace, les filets ou encore la tête de l’instrument. Ce travail d’orfèvre, c’est un peu sa ‘griffe’, sa marque de fabrique. Il adore faire ça et y met beaucoup de temps et de talent, même si, au final, cela n’influe pas sur le son de l’instrument.

Une autre étape cruciale est le choix des bois. Pour les différentes parties d’un instrument, il est important de sélectionner les bonnes planches, selon leurs essences, leurs provenances, leurs temps de séchage, etc. Cela va jouer sur l’esthétique et sur l’acoustique. Simon adopte une démarche un peu particulière, avec parfois des choix non conventionnels, comme nous allons le voir ci-dessous.

Il souligne aussi le fait que, lorsqu’il fabrique un instrument, il n’est pas rare qu’il fabrique également ses propres outils, nécessaires à sa réalisation. 

Ensuite, il y a tout le travail de taille, de découpe et d’assemblage des différentes parties. Un processus long et complexe qui permet, in fine, d’avoir, dans ses mains, un instrument fini. Instrument dont il découvre alors pour la première fois le son.  Car bien qu’il ait pu jouer sur pas mal de paramètres, connus et prévisibles, pour influencer la sonorité, le résultat final reste toujours une surprise.

Pourquoi passer par un luthier ?

Dans l’industrie comme dans la lutherie, il existe différents cas de figures. Certaines productions issues des grandes manufactures se rapprochent du travail d’un luthier. Tandis qu’à l’inverse, certains luthiers adoptent une démarche quasiment industrielle dans leur travail. Toutefois, de manière générale, on peut dire que, ce qui différencie un instrument issu d’un atelier de lutherie d’un instrument issu de la production industrielle, ce sont les points suivants :

Le réglage : souvent, les grandes marques ont tendance à négliger les réglages des instruments qui sortent de leurs usines. Or, chez un luthier, le réglage de l’instrument est beaucoup plus précis et surtout, il est adapté au client. C’est un atout considérable pour la jouabilité et le confort d’un instrument.

L’attachement : posséder une guitare de luthier, c’est posséder un instrument unique, réalisé selon ses désirs. On a la possibilité de connaître toute son histoire, de suivre son évolution de la création jusqu’à la réception. Cela créé un ‘potentiel d’amour’ supplémentaire qui permet, selon notre luthier, de mieux jouer, de mieux développer sa musique.

Le caractère : il a généralement plus de caractère que les modèles de série qui doivent correspondre à des goûts assez standards. 

La longévité : le choix des matériaux et le soin apporté à sa conception font qu’en général, on le garde plus longtemps. A l’opposé de certains instruments bas de gamme qu’on trouve dans le commerce.

Le prix : il est, dans la plupart des cas, plus cher que celui d’instrument acheté dans le commerce. Il n’y a pas d’instruments bas de gamme chez un luthier

Le temps de fabrication : il est considérablement plus long chez un luthier. Il faut compter, en moyenne et selon les modèles, deux mois de travail non-stop pour réaliser un instrument. Ce qui se traduit par un délai de plus ou moins un an entre une commande et une livraison.

Pour tous les musiciens ?

Acquérir un instrument de luthier, c’est un certain investissement. Pour un modèle ‘basique’, sans excès de décoration et de conception ‘classique’, il faut compter plus ou moins +- 3.000€. Cet investissement est relatif et n’est pas excessif quand on mesure le temps qu’on va passer à jouer dessus. Ainsi, notre luthier précise qu’il ne faut pas forcément être professionnel pour recourir à ses services. Tout qui veut progresser plus rapidement et se faire plaisir peut le consulter. Même si vous n’avez pas de demandes précises ou de connaissances particulières. Simon il établira un dialogue pour comprendre vos attentes et vous fera essayer quelques modèles qu’il garde en stock pour répondre au mieux à vos envies.

Un écosystème musical local

Simon ne travaille qu’avec des bois non tropicaux qui sont pourtant des bois traditionnellement utilisés en lutherie. Aussi, il privilégie, tant que possible, les matières naturelles comme les colles animales et la gomme laque. Pour sa santé, pour des raisons écologiques, mais aussi par volonté de reconstruire un ‘’ écosystème local ‘‘ : de l’arbre qui pousse dans la forêt d’à côté, aux musiciens locaux, en passant par les mains du luthier du village. 


Simon DARON

LA FABRIQUE DU SILENCE

Atelier de lutherie

5, Bruyère Cacou - 1460 Virginal

+32 497 97 62 84